42 % : c’est la proportion de directeurs financiers qui, en France, n’ont jamais mis un pied dans une école de comptabilité. La législation n’exige aucun diplôme comptable pour accéder à ce siège pivot, même si les grandes écoles dominent toujours les directions financières du CAC 40. Ce constat, relevé par l’Association Nationale des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion, fait voler en éclats bien des certitudes autour du recrutement à ces niveaux stratégiques.
Ces dernières années, le rôle des fonctions financières a connu une véritable mutation. Les profils s’élargissent, les recruteurs cherchent des professionnels à la fois polyvalents, agiles, capables d’élargir leur champ de vision bien au-delà de la stricte technique comptable.
Le directeur financier : un pilier de la stratégie d’entreprise
Le directeur financier, DAF ou « chief financial officer », n’est pas un simple gardien des chiffres. Il occupe un poste névralgique. Sa responsabilité ? Assurer la robustesse financière, piloter les grandes orientations administratives et garantir l’équilibre des comptes. La mission s’étend bien au-delà des seuls bilans : gestion de la trésorerie, encadrement des risques financiers, contrôle de gestion, veille réglementaire, conformité fiscale… La palette est large.
Le DAF travaille en étroite relation avec la direction générale. Il apporte des analyses décisives pour orienter les choix stratégiques, participe au comité de direction, structure les ressources, établit les budgets et éclaire la feuille de route de l’entreprise. Ce métier réclame de savoir anticiper, manier les outils d’analyse de performance et adopter une perspective transversale sur toute l’organisation.
Précisons les missions centrales qui lui sont confiées :
- Surveillance de la comptabilité et du contrôle de gestion
- Gestion des financements et des relations bancaires
- Pilotage et accompagnement des équipes financières et administratives
- Mise en place d’outils de reporting financier et transmission de l’information à l’ensemble des parties prenantes
Endosser ce rôle suppose de fédérer, d’accompagner l’évolution de l’entreprise et de garantir la cohérence des décisions financières et fiscales. Le directeur financier s’impose en partenaire stratégique auprès des actionnaires, des conseils d’administration, véritable référent de confiance.
Comptabilité et finance : quelles compétences pour diriger une fonction financière ?
Une bonne base en comptabilité reste incontournable. Mais ce n’est qu’un début : le directeur administratif et financier ne se contente pas de vérifier des lignes de chiffres. Il orchestre le travail d’équipes composées d’experts-comptables, de contrôleurs de gestion, de trésoriers, de commissaires aux comptes. Il supervise et arbitre, mais délègue aussi l’exécution des opérations courantes.
Son expertise couvre la finance d’entreprise, l’analyse du risque, la gestion de trésorerie, la fiscalité, le pilotage de la performance. Pour lui, il s’agit autant de négocier avec les banques, d’échanger avec des investisseurs, que de maîtriser l’analyse macroéconomique ou de comprendre les réglementations internationales. Savoir naviguer entre normes IFRS, règles locales et exigences propres à la mondialisation fait clairement la différence aujourd’hui.
Mais la technique pure ne suffit plus. L’attendu managérial et relationnel a pris l’ascendant : leadership affirmé, capacité à fédérer, talent pour négocier, vision transversale, aisance avec le digital et les nouveaux outils analytiques… Pour innover, anticiper, ou gérer des situations inédites, ces qualités importent autant que la technique.
Voici ce que scrutent désormais les recruteurs parmi les compétences clés :
- Techniques : finance, fiscalité, contrôle de gestion, droit des sociétés
- Managériales : encadrement, gestion de projet, communication interne et externe
- Relationnelles : sens politique, confidentialité, négociation avec divers interlocuteurs
Parcours, formation et ascension vers le rôle de directeur financier
Pour prendre la tête d’une direction administrative et financière, une base académique solide alliée à une expérience éprouvée s’avère décisive. Les masters spécialisés en finance, les formations comme le DSCG ou le MBA issus d’écoles reconnues (HEC Paris, ESCP Business School…) ouvrent la voie. Les certifications professionnelles comme le CFA, CIMA ou ACCA sont également recherchées, surtout pour évoluer dans des groupes internationaux.
Démarrer sa carrière en audit, en contrôle de gestion ou en comptabilité permet de bâtir une connaissance globale des rouages de l’entreprise. Le passage en cabinet d’audit, puis à des postes tels que contrôleur de gestion, responsable financier ou directeur comptable, offre un précieux terrain d’apprentissage. La prise de responsabilités transverses et le management d’équipes pluridisciplinaires constituent des étapes incontournables pour accéder à la direction financière.
La formation continue prend, elle aussi, de l’ampleur. À ce titre, le C-Suite Program Directeur Financier de First Education Online, conçu avec des écoles de renom, cible notamment les cadres souhaitant approfondir l’expertise stratégique, la gouvernance, la transformation digitale ou le pilotage de la performance. Cette diversité des profils et des parcours renforce la capacité du DAF à occuper son poste de partenaire stratégique auprès de la direction générale.
Rémunération, carrières et perspectives dans la sphère financière
Le marché des directeurs administratifs et financiers est en mouvement permanent. Industrie, finance, technologie, santé, distribution, secteur public ou start-up : partout, la fonction séduit, toutes tailles et secteurs confondus. La croissance et la sécurité des process passent plus que jamais par ce profil, en pleine expansion. De plus, le responsable administratif et financier devient l’interlocuteur n°1 des investisseurs et des conseils d’administration.
La rémunération dépend largement de la taille de l’entreprise et du périmètre. En France, un DAF chevronné perçoit en général de 80 000 à 150 000 euros bruts annuels. Certains franchissent les 250 000 euros dans des groupes cotés ou tournés vers l’international. Les variables, liées à la performance, grandissent dans les offres, complétées fréquemment par stock-options, voiture de société ou épargne salariale.
Les évolutions de carrière s’avèrent variées et accessibles. Après une expérience probante, le DAF peut viser une montée de périmètre (groupe, holding, filiale…), une direction générale ou un virage vers le conseil en stratégie financière. D’autres choisissent d’intégrer un comité exécutif ou de piloter leur propre structure. Les compétences acquises sur le pilotage de la complexité et la gestion du risque sont très recherchées, y compris lors de projets de transformation, fusions ou acquisitions.
À l’heure où la finance d’entreprise se réinvente, le poste de directeur financier s’affirme comme la meilleure rampe de lancement vers la gouvernance et la transformation. Au prochain virage, le CFO prendra-t-il les traits d’un expert de la data ou d’un stratège venu d’ailleurs ? L’avenir tranchera.

