28 000 euros, c’est une ligne sur un contrat, mais c’est une tout autre histoire sur le relevé bancaire. Entre la promesse écrite et ce que l’on touche vraiment, la France déroule un tapis de prélèvements bien ordonné. Cotisations, contributions, impôts : la mécanique du passage du salaire brut au net n’a rien d’un simple calcul mental. Pour qui veut anticiper son revenu réel, il faut accepter de naviguer dans ce labyrinthe, où chaque statut professionnel redessine un peu plus la frontière entre affichage et réalité.
Et depuis que le prélèvement à la source s’invite sur la fiche de paie, la donne s’est encore complexifiée. Les simulateurs pullulent, chacun proposant sa vérité, rarement identique à celle du voisin. Mettre le doigt sur le vrai montant disponible, c’est aussi mieux se situer face à la moyenne nationale, et comprendre chaque euro qui s’évapore ou reste au chaud sur le compte.
A lire aussi : Les compétences essentielles pour devenir chef de projet MOA/MOE
Comprendre la différence entre salaire brut et salaire net en France
Le salaire brut s’affiche en haut du contrat de travail : c’est le montant total promis par l’employeur, avant toute déduction. Sur la fiche de paie, ce chiffre côtoie souvent des primes, indemnités ou heures supplémentaires. Il représente ce que l’entreprise s’engage à verser… mais il ne correspond jamais à la somme réellement perçue à la fin du mois.
En bas de cette même fiche apparaît le salaire net : c’est ce qui atterrit sur le compte du salarié. Ce montant tient déjà compte de toutes les cotisations sociales, et, depuis 2019, du prélèvement à la source pour la majorité des salariés. La fiche de paie détaille chaque ligne, offrant une lecture précise de la transformation du brut en net.
A découvrir également : Comment faire un CV pour postuler à un emploi à distance ?
Voici ce que chaque terme recouvre :
- Salaire brut : base de calcul indiquée sur le contrat, avant toute retenue
- Salaire net : somme effectivement versée après déductions
- Fiche de paie : référence détaillant chaque calcul et prélèvement
Ce passage du brut au net dépend d’un ensemble de contributions, dont le poids varie selon que l’on soit cadre, non-cadre ou agent public. La fiche de paie, outil incontournable, rappelle chaque mois cette mécanique et la relation concrète entre l’engagement de l’employeur et le salaire qui atterrit sur le compte.
Quelles charges sociales et fiscales sont déduites de votre salaire ?
Sur la fiche de paie, chaque prélèvement s’affiche ligne après ligne. Le salaire brut subit d’abord les cotisations sociales, qui financent la protection sociale : sécurité sociale, chômage, retraite complémentaire. Pour un salarié du privé, ces cotisations tournent autour de 20 % du brut pour un non-cadre, et grimpent vers 25 % pour un cadre. Dans la fonction publique, le taux s’établit près de 22 %.
Les principaux postes de prélèvements sont les suivants :
- Maladie, maternité, invalidité, décès : couverture assurée par la sécurité sociale
- Vieillesse : cotisations pour la retraite de base et la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO pour les salariés du privé
- Chômage : contribution au régime d’assurance chômage
- CSG et CRDS : contributions pour financer la protection sociale, prélevées sur la quasi-totalité des revenus d’activité
Depuis 2019, le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu vient s’ajouter à l’équation. Ce montant, visible sur une ligne spécifique du bulletin de paie, dépend du taux transmis par l’administration fiscale. Ainsi, la somme réellement versée ne résulte pas seulement des cotisations sociales, mais aussi de cette imposition directe, calculée en temps réel.
Pour un salaire annuel brut de 28 000 euros, cet écart entre brut et net s’explique par la double ponction des cotisations et de l’impôt à la source. Le taux exact de retenue dépend du statut (cadre ou non-cadre, fonctionnaire), du temps de travail, et des choix liés à la mutuelle ou à la prévoyance. Rien n’est laissé au hasard.
Simulateurs de salaire : comment s’en servir et quelles limites ?
On les retrouve sur tous les sites spécialisés, institutionnels ou bancaires : les simulateurs de salaire promettent de transformer, en quelques secondes, un salaire brut en salaire net (ou inversement). Pour un salarié avec 28 000 euros brut par an, ces outils calculent en un clic le montant net mensuel, tenant compte du statut professionnel et des taux moyens de cotisations.
L’utilisation est simple : saisissez le montant annuel ou mensuel, précisez le secteur (privé, public, cadre, non-cadre) et parfois la localisation, car certaines contributions varient selon les régions. Le simulateur applique alors le taux de cotisations sociales correspondant. Sur certaines plateformes, on peut même estimer le coût global pour l’employeur ou intégrer le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Pourtant, ces outils ont leurs limites. Les calculs proposés reposent sur des barèmes standards, sans tenir compte des avantages sociaux (tickets restaurant, participation, mutuelle), qui ne figurent pas dans le net annoncé. Les situations plus complexes, temps partiel, cumul d’emplois, exonérations, échappent à la logique du simulateur. Au final, seule la fiche de paie permet de vérifier ligne par ligne chaque prélèvement et d’avoir une vision fidèle du pouvoir d’achat.
Se situer : 28 000 euros brut par an face à la moyenne nationale et à l’impôt sur le revenu
Dans le privé, 28 000 euros brut par an, c’est déjà au-dessus du SMIC annuel (21 622 euros brut selon l’INSEE au 1er septembre 2025), même si ce niveau reste en dessous de la moyenne nationale pour un temps plein (environ 30 000 euros brut). Ce salaire concerne beaucoup d’actifs, en particulier dans les petites structures ou certains métiers de service.
Le passage du brut au net se matérialise ainsi : pour 28 000 euros brut, un non-cadre reçoit environ 22 277 euros net par an, un cadre autour de 22 270 euros, et un agent de la fonction publique 22 224 euros. Ces montants varient selon l’ancienneté, le temps de travail réel et la présence éventuelle de primes ou avantages. Rien n’est figé.
Le prélèvement à la source vient ensuite diminuer le net disponible. À ce niveau de salaire, l’impôt sur le revenu reste modéré grâce aux abattements et au barème progressif. Pour une personne seule sans enfant, le taux d’imposition démarre généralement à 11 %. Mais chaque situation fiscale est unique, et crédits d’impôt ou changements familiaux peuvent faire évoluer la donne.
Voici quelques repères pour mieux se situer :
- 28 000 euros brut/an : supérieur au SMIC, mais sous la barre de la moyenne nationale
- Environ 22 270 euros net/an avant impôt sur le revenu
- Prélèvement à la source ajusté selon la situation individuelle
Au bout du compte, passer de 28 000 euros brut à la somme qui s’affiche sur le compte, c’est franchir une série d’étapes où chaque euro compte. L’exercice n’a rien d’anodin : il dessine en creux la réalité du pouvoir d’achat, et rappelle que derrière chaque montant, il y a bien plus qu’un simple calcul.